S’intéresser au silence en littérature, lieu
privilégié de la Parole, semble paradoxal. Cependant, comme en musique, le
silence joue sa partition dans l’ombre. Rien de plus protéiforme que le
silence ! Il peut constituer la matière mais aussi la manière d’un
ouvrage.
Ce recueil utilise comme guide la polyphonie du
silence dans l’œuvre de Mauriac à qui cette réflexion touchant la
spiritualité est particulièrement dédiée. Diverses gammes de silences sont
alors explorées : d’abord le silence comme élément fondamental de la
création artistique, ascèse exigeante pour Makine, Modiano, Le Clézio…
Puis, le silence apparaît sous son aspect mystique, sa
transcendance, en relation avec le Mal, la Souffrance et la Mort chez Sylvie
Germain et Philippe Claudel. Ensuite, il est évoqué dans sa fonction poétique
de déchiffrement des choses et des êtres, à la recherche de l’essence du monde,
avec des poètes comme Leopardi, Anne Perrier, Paul Celan. Plus près de nous,
résonnent les voix assourdissantes du silence des opprimés et des morts des
dictatures modernes, à travers les œuvres de
Vercors, Cheng ou de l’Ukrainien Khvylovyi.
Enfin, en contrepoint de cette diversité et en accord
avec l’art de Mauriac, soucieux de l’essentiel, on note que les écrivains ici
rassemblés cultivent l’art de la litote. Et parfois, comme Makine ou
Houellebecq, ils considèrent que le silence ou la page blanche sont plus
proches de la perfection que toute écriture.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
Nina
Nazarova
POLYPHONIE DU SILENCE DANS L’ŒUVRE
DE FRANÇOIS MAURIAC
Le leitmotiv
du silence dans Thérèse Desqueyroux
Michael
O’Dwyer (IRL)
Le silence et
la littérature dans les œuvres autobiographiques de François Mauriac
Claude Hecham
(F)
Le phénomène
du silence dans le roman de François Maurias Préséances
Yaryna Tarasyuk
(UKR)
LE SILENCE COMME ÉLÉMENT
FONDAMENTAL DE LA CRÉATION ARTISTIQUE
Le
monastère du silence ou la recherche du Verbe : A. Makine à la lumière de
Charles Du Bos et de Maurice Zundel
Margaret Parry (GB)
Le
silence dans l'œuvre de Patrick Modiano
Thierry
Laurent (F)
La famille,
lieu de l’histoire et du silence chez J. M.G. Le Clézio et A. Wiazemsky
Taras Ivassioutine (UKR)
LA TRANSCENDANCE DU SILENCE
Les mots du silence, ultime amour dans Derniers fragments d’un long voyage
Sabine Badré
(F)
Les
« voix » du silence dans Le
Rapport de Brodeck de Philippe Claudel
Daniela Fabiani
(I)
La
transcendance du silence chez Sylvie Germain
Georges
Simon (ROUM)
SILENCE ET
POÉSIE
Le silence,
voix de l’âme
Giulia
Latini Mastrangelo (I)
La poésie d'Anne Perrier: Cet air de flûte qui chancelle d'un silence/ A l'Autre
Jeanne-Marie Baude (F)
Thématique de
la minéralité, silence et parole dans deux recueils de Paul Celan
Marie-Line
Jacquet (F)
La déchirure
du silence dans Renverse du souffle de
Paul Celan
Marie Louise Scheidhauer
(F)
LA RÉBELLION DU SILENCE
La
rébellion du silence dans la littérature algérienne contemporaine: cri et
désert
Marta
Montesarchio (I)
Le silence en
réponse à la violence et à la tyrannie
Claude Herly (FR)
Le silence ou la négation de la liberté dans les
pièces de Federico García Lorca
Taïs
Fernandez (I)
L'univers
concentrationnaire chinois chez François Cheng
Sophie
Ollivier (F)
A LA RECHERCHE DE SA
VOIX
A la
recherche de ce qu’on a perdu dans La
leçon de musique et Tous les matins
du monde de Pascal Quignard
Nadia Jammal (LIB)
Silence
créateur et silence oppressant
Mariafrancesca
Gammella (I)
Mykola
Khvylovyi : la voie / voix à travers le silence
Galyna Dranenko (UKR)
Le
silence du hérisson (d’après Muriel Barbery)
Nina
Nazarova (IRL-RUS)
Introduction
Etudier le silence dans la littérature
relève a priori du paradoxe. Dans ce tas de mots, dans cette diversité de sens,
le lecteur ne s’attend pas à trouver l’espace vide qu’offre pourtant l’auteur.
On perçoit souvent la littérature comme un art qui rompt radicalement avec le
silence. C'est oublier que la langue et la conscience sont étroitement liées et
que l'écrivain, toujours pleinement confronté au silence qui inaugure et
accompagne le moindre de ses mots, compose avec lui et se compose à travers
lui. "[Le langage] ne vit que du silence ; tout ce que nous jetons aux
autres a germé dans ce grand pays muet qui ne nous quitte pas[1] ».
C'est au vingtième siècle que les
réflexions appliquées au langage et au discours totalisant ont atteint leur
apogée, et qu'on s'est tourné vers une rhétorique de l'indicible, ou bien vers
une écriture de silence. Certains écrivains font de la recherche du silence,
l'objet même de leurs projets littéraires, en voulant explorer l'expérience de
l'indicible à travers le silence, le monde d’au-delà du langage, le pouvoir du
vide et de l'absent. Indéniablement, il y a un courage créateur dans le choix
de se taire, une prise de conscience salutaire, digne: « Écrire, c’est aussi ne
pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit[2] ».
Le silence peut s’entrevoir par différent
biais, comme une dialectique entre la parole et le vide, qui met en cause le
rapport écrivain et lecteur, mais aussi comme un acte énonciatif où le silence
est pris en charge par le récit. Or, le silence est aussi et surtout en lien
avec la rhétorique du sublime. Le silence porte à la méditation : il faut
l’écouter pour en saisir toutes les gammes.
En décrivant le silence, les romanciers
convoquent inévitablement tout ce que cette notion englobe. Dans un premier
temps, le silence se définit par la négative : absence de bruit, de son,
quelque chose de vide. En même temps, la description du silence peut prendre
des pages entières d’une œuvre littéraire. D'un autre côté, le silence, c’est
aussi un prolongement de la parole, une source d’inspiration et un moment
d’écoute. Le silence, ce n’est donc pas le contraire du langage mais un langage
intérieur, solitaire ou personnel. Par la quiétude contemplatrice qu’il génère,
le silence peut alors provoquer l’union d’individus, le partage de sensations.
D'un point de vue discursif, le silence se lit dans l'écriture. Son importance
est trop souvent sous-estimée, et cela même parce qu'il dit plus qu'on ne le
voudrait. Le silence est donc un espace ouvert dans lequel s'inscrit un acte
énonciatif. Non seulement ces vides accordent une nouvelle valeur aux mots
environnants, à ces quelques paroles qui restent, mais ils exercent aussi une
fonction capitale dans la communication littéraire puisqu’ils appellent
l’instance interlocutrice à la collaboration.
La dimension discursive du silence tient
une place particulière chez l’homme puisque le silence nécessite la fonction
imaginative. En l’absence de mots, c’est la pensée qui prend la place, la
réflexion ; d’où la seconde sorte de silence : le silence incarne ce qui est
irreprésentable.
Le silence est aussi une technique de la
rhétorique connue depuis l'Antiquité et théorisée par Aristote et Cicéron. Il
est le paradigme de l’orateur. Le silence est le meilleur moyen pour convaincre
: que l’audience soit d’accord ou à court d’argument, elle se tait. Et la
pensée de chacun s’unit alors dans le silence. D’ailleurs, le silence est une
parole ou, plutôt, une parole non proférée. L’ambivalence du silence concorde
parfaitement avec l’ambivalence de la rhétorique. Les reproches faits à cette
dernière - manipulation, sophisme- peuvent s’appliquer aussi au silence.
Or, outre son lien avec le langage, le silence
entretient aussi un rapport étroit avec l’extériorité. Pour considérer le
silence, il faut déjouer les paradoxes initiaux : les mots prennent appui sur
le silence pour donner à penser. Le silence accorde une place privilégiée aux
récepteurs du texte par les lecteurs. Le roman est placé sous l’ultime autorité
qu’est le lecteur qui tient le livre entre ses mains et peut à loisir
poursuivre sa lecture, la suspendre, l’approfondir. Le vide peut être (ou non)
reçu, rempli. La possibilité d’évasion, de vagabondage de la pensée est laissée
ouverte. La question de l'écrivain n'est plus comment dire, mais comment taire.
Le lecteur est censé combler les trous du texte, et prolonger la pensée que
l'auteur a initiée. Le lecteur obtient une marge de manœuvre assez large qui
lui permet de dialoguer avec l'auteur. Cependant, cette liberté
interprétative est aussi la porte ouverte à l'ambivalence et à
l'incompréhension qui en découle. L'implicite, le sous-entendu et l'insinuation
sont autant de formes possibles pour conceptualiser le silence.
Dans le recueil que nous proposons à votre attention,
les auteurs tentent de définir les traits essentiels d'une esthétique du
silence, en particulier dans la littérature de notre temps. Comme notre
association porte le nom de François Mauriac, les trois premiers articles du
recueil sont consacrés au problème de la polyphonie du silence dans les œuvres
de François Mauriac. Yarina Tarassyuk affirme que malgré l’éloquence de
François Mauriac, écrivain et publiciste, le silence reste une caractéristique
fondamentale de son œuvre. Claude Hecham examine les réflexions de François
Mauriac sur le silence à travers le prisme de ses textes biographiques - sur
Proust, Flaubert, Barrès - et ses écrits autobiographiques. Michael O’Dwyer, à
son tour, relève dix catégories de silence dans le roman de François Mauriac Thérèse
Desqueyroux : l’étouffement de ceux qui ne respectent pas les conventions
de la famille bourgeoise, le silence du couple ou l’incommunicabilité, le récit
elliptique du narrateur et d'autres. Plusieurs auteurs du recueil ont pour
objectif de prouver que le silence et la créativité artistique sont
inséparables. Margaret Parry se propose d’analyser le processus créatif chez
Andreï Makine à la lumière de Charles du Bos et de Maurice Zundel. Elle croit
que pour Andreï Makine, la recherche du verbe et la narration servent à nous
échapper de la temporalité de notre vie dans un "monastère du
silence" pour atteindre notre âme. Thierry Laurent entreprend une analyse
détaillée des techniques narratives liées au phénomène du silence chez Patrick
Modiano : mutisme et passivité verbale des personnages, pauses, narration
en suspens, etc.
Le silence est un discours, un langage,
un art de parler. Entre les silences suggestifs qui disent l’indicible et les
silences de réflexion, qui rendent compte de la difficulté de la verbalisation,
s’étend une partition de sons dont la polysémie n’est plus à prouver. Il ne
faut plus se placer du point de vue du langage mais de l’écoute. La rhétorique
du silence se prolonge ainsi par une poétique. Le silence lie la littérature à
la musique et à la peinture, il joue un
rôle fondamental dans la création artistique, élément commun aux peintres, aux
mystiques, aux poètes. Afin de le prouver, Taras
Ivassioutine établit des parallèles entre les pauses musicales et le silence en
littérature. Pour lui, l`écriture d’Anne Wiasemsky et de Jean Marie Le Clézio est fuite et
ritournelle à la fois, avec des métaphores qui connotent la mobilité, la lutte
avec la fixité de la mort.
Giulia Latini Mastrangelo entreprend une
analyse détaillée des tableaux de Salvador Dali en créant des parallèles avec
la poésie de García Lorca, Ruben Dario et Gabriele
D’Annunzio. Elle souligne que le silence favorise le contact avec la nature,
inspire les artistes et envahit leur monde au point de devenir protagoniste de
leurs œuvres, qu’il s’agisse de peinture ou de poésie. De même, Nadia Jammal
jette des ponts entre le monde de la peinture, de la musique et de la
littérature dans son analyse de la narration de Pascal Quignard.
Dans deux articles du recueil, les auteurs
entreprennent l'analyse du silence et de la parole dans la poésie de Paul
Celan. En parlant des recueils de Paul Celan intitulés La Rose de
Personne et Grille de Parole, Marie-Line Jacquet arrive à la
conclusion que la parole y paraît très souvent cassée, brisée, massacrée. Celan
se moque de la langue de l'ennemi, la langue allemande, liée à l'épreuve de
l'Holocauste subi par son peuple, puisque le poète a décidé d'utiliser
l'allemand pour subvertir cette langue chargée d'angoisse. Une telle
déconstruction, bien sûr, ne peut manquer d'amener au silence. Marie Louise
Scheidhauer essaie de pénétrer le monde poétique de Paul Celan en analysant son
recueil Renverse du Souffle. Elle y dégage le langage elliptique, envahi
de blancs, de silences, haché, morcelé et répétitif, en allemand surtout, les
sons étant impossibles à reproduire dans la traduction française.
Le côté créateur et le côté oppressant du
silence sont explorés dans l'article de Mariafrancesca Gammella à travers
l'exemple de la poésie de Giacomo Leopardi et du livre d'Ingrid Betancourt
rédigé pour effacer le cauchemar de ses 2321 jours de détention. Et si dans le
cas de Leopardi, le silence créateur devient son fidèle compagnon et une arme
infaillible, grâce à laquelle il peut construire son œuvre, pour Ingrid
Betancourt le silence devient un piège qui la pousse aux affres du désespoir.
Un grand nombre d’articles du recueil
est consacré au côté spirituel du silence. Le silence est indispensable à
l’élévation spirituelle. Le silence permet à l’homme de se concentrer, de
méditer, d’abandonner les scories humaines qui alourdissent sa part
spirituelle, sa capacité créatrice. Le silence, c’est le langage avant le
langage, c’est une méditation sur le monde qui plonge les lecteurs et l'auteur
du roman dans un même mouvement d’union. Pour Sabine Badré, le silence et la
parole ne font qu’un, le premier est le prolongement du second et vice versa.
En analysant le livre de Christiane Singer Derniers fragments d’un
long voyage, écrit pendant les derniers mois d’une maladie fatale, Sabine
Badré arrive à la conclusion que la mort proche et inévitable a ouvert
"des brèches vers l'infini" dans l'âme de l'écrivain, la comblant de
la richesse divine du silence.
Daniela Fabiani explore le thème du
silence par rapport à la description du Mal en littérature chez Philippe
Claudel, Le Rapport de Brodeck et Jonathan Littell, Les Bienveillantes.
D'après elle, ces deux auteurs visent à représenter l’indicible non en témoins
directs mais en tant que romanciers, donc en se plaçant d’emblée dans une
dimension imaginaire qui oblige le lecteur à s’interroger sur le rapport de
l’homme au Mal et par là à réfléchir sur la relation qu’on peut instaurer entre
l’imaginaire littéraire et les valeurs qui fondent la vie personnelle et
sociale.
Dans son article, Georges Simon affirme que la
création relève de la complicité entre l'auteur et le lecteur. En s’appuyant
sur Le livre des nuits de Sylvie Germain, il affirme que la
séparation entre la vie et la pensée devient, chez Sylvie Germain, "une
blessure entre le silence de Dieu et l’insolence de l’homme." De même,
pour Jeanne-Marie Baude, qui analyse la poésie de la Suissesse Anne Perrier, le
choix du silence ne correspond pas à un refus de communication, mais bien au
désir de retrouver une communication originelle avec le Créateur.
Afin d'étendre le domaine de la
recherche, certains auteurs ont analysé des exemples empruntés à la littérature
mondiale. Ainsi, Marta Montesarchio cite l'œuvre des romancières algériennes
Malika Mokeddem et de Maïssa Bey pour arriver à la conclusion que le silence y
devient la plus sûre des armes que les femmes peuvent utiliser pour commencer
leur tacite et inéluctable rébellion. Sur ce thème de la rébellion des femmes,
Thaïs Fernandez dégage plusieurs types de silences dans la trilogie rurale de
García Lorca : silence imposé, silence autoritaire, silence
refusé, silence intimé et silence vaincu.
Plusieurs auteurs voient le silence comme instrument
de la préservation de l’ethos. Dans l’analyse des romans de guerre de Vercors Le
Silence de la mer et de Yasmina Khadra Les Hirondelles de Kaboul,
Claude Herly affirme que le silence y prend la forme de la rébellion, le seul
moyen de sauver sa voix, son identité. Le silence comme protestation, est aussi
traité dans les pages de l'article de Sophie Ollivier sur les œuvres de
Francois Cheng et Alexandre Soljenitsine. Dans le même contexte, Galyna
Dranenko nous parle d'un écrivain ukrainien peu connu à l'étranger, Mykola
Khvylovyi, dont la voix fut étouffée par la dictature soviétique. L’écriture
est pour lui salvatrice dans la mesure où elle s’oppose au silence et tâche de
le rompre. Il n’en demeure pas moins que sa vie a eu une fin tragique et qu'il
a été réduit au silence et à l'oubli.
Et enfin, le silence peut être un choix conscient
contribuant à la créativité comme l’affirme Nina Nazarova dans son article
portant sur les personnages des romans La carte et le territoire et L’élégance
du hérisson, et sur leurs créateurs, Michel Houellebecq et Muriel Barbery.
Le silence n’est pas seulement lié à la souffrance et à l’isolement, mais
apparaît comme un choix conscient et heureux, une nécessité primordiale pour
une âme d’artiste qui a besoin de son territoire pour survivre. Se taire au
lieu de parler, c’est sauvegarder son individualité.
En guise de conclusion, on pourrait
constater que le silence ne s’oppose pas au langage, ils sont intimement liés.
Parole et silence ne font qu’un. Comme l’écrit Picard, « la parole est le
verso du silence et le silence le verso de la parole[3] ». Chacun s’inscrit au
revers de l’autre. Le silence est comme une « méditation sur la parole
absolue[4] ».
La suspension de parole ne dit rien, à proprement parler, mais suggère
beaucoup. Ainsi, les fleurs de rhétorique, ces figures qui ornent le texte,
sont autant de techniques pour inscrire le silence dans le roman. C’est une
entité supérieure et inaccessible qui tend à rendre compte d’un point crucial,
capital, que les écrivains désirent faire jaillir dans leurs œuvres.
Nina Nazarova
Pour acheter le volume, cliquer Le Silence en littérature. De Mauriac àHouellebecq. — Paris : Harmattan,2013.
[1] Merleau-Ponty M., Signes. Paris, Gallimard,
1960, p. 167.
[2] Duras M., Écrire. Paris, Gallimard, 1993, p.
34.
[3] Picard Max, Le monde du silence, Paris, Presses
Universitaires de France, 1954, p. 10.
[4] Ibid., p. 25.
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