INTERVOIX N° 26 Novembre 2011

SOMMAIRE
Editorial   par  Marie-Louise Scheidhauer

Les trésors de l’Ukraine vous seront révélés à travers le regard personnel et le lyrisme de l’article de Margaret Parry: littérature née sur cette terre, art de l’architecture et de la peinture, révélateurs d’une Histoire tourmentée à la recherche d’une beauté éternelle. Cette recherche s’est aussi incarnée dans le personnage du poète national, dont la statue est érigée dans les grandes villes du pays,  Tarass Chevtchenko, présenté par Nina Nazarova. C’est le cœur battant de L’Ukraine qui s’y révèle, en une musique issue de l’âme. Et vous découvrirez en contre-point le visage souvent méconnu d’une écrivaine ukrainienne, Lessia, dont l’écriture possède déjà une vraie dimension européenne…

Le colloque de Tchernivtsi

Discours de la présidente par  Nina Nazarova

L’après-colloque par Taras Ivassioutine

La rencontre tant attendue à Tchernivtsi – ville de Paul Celan et de beaucoup d`autres écrivains, artistes, musiciens – a pris fin et moi, j`ai ressenti un vide après ces quelques jours remplis de moments inoubliables : séances scientifiques et réunions amicales dans les bâtiments prestigieux de l`université – ancien palais des métropolites de Bucovine et Dalmatie, ajoutés simultanément, par pure coïncidence, à la liste des monuments du patrimoine mondial de l`UNESCO-  soirée de danses et de chants ukrainiens dont le dynamisme et la gaîté ont donné dès le premier jour un beau coup d`envoi au déroulement ultérieur si réussi du colloque ; soirée avec orgue et violon dans la Salle d`orgue ; atmosphère amicale et intime du Café Viennois avec sa pianiste et son chanteur si talentueux et, bien entendu, tous ces déplacements touristiques qui ont découvert à nos hôtes d`une part une riche histoire de l`Ukraine et d`autre part ses nombreux problèmes qui, hélas, existent, malgré un certain dynamisme observé dans le pays ces derniers temps…

Jasmin au teint vert-obscur par Claude Hecham

Comment raconter une expérience aussi riche que celle du colloque de Tchernivtsi en quelques lignes ? C’est évidemment impossible, aussi faut-il choisir parmi tant de souvenirs ceux qui rendront compte de l’atmosphère extraordinaire qui a régné pendant cette semaine en Ukraine. Pour moi, ce sont les rencontres avec les membres de l’association, anciens et nouveaux, qui conservent dans ma mémoire un peu de cette chaleur si vive de nos échanges. Retrouver Thaïs et Bruno, un an après Olomuc, retrouver Nadia et Liliane deux ans après Strasbourg, faire connaissance avec Thierry, parler de l’Algérie avec Claude, danser avec Taras ou Georges, c’était épatant. Mais découvrir en Ukraine un garçon nommé Igor qui parle le français sans accent et  traduit en ukrainien les nouvelles d’une Algérienne francophone nommée Leïla Sebbar, c’était inattendu et extrêmement réjouissant…

Les vibrations du silence par Marie-Louise Scheidhauer

En prélude il faut écouter la viole de « Tous les matins du monde » ou « le cantique des cantiques » de P. Celan:
« Toi aussi, aimée, tu es le roseau et nous tous sommes la pluie
Ton corps est un vin sans pareil… »

La littérature est faite de mots, de rythme, d’assonances. Où est le silence?  Ecoutez-le.
Il est dans l’énigme, le secret. Il est dans les trous de l’ histoire. Il est dans le tragique des destins. Il est dans les vides de l’écriture.
Le mot n’existe qu’entre des blancs sur la page.
Le poème est entouré de blanc. Ce blanc attend, angoisse, parle…

Paul Celan: à propos d’un poème: petit essai de traduction par Marie-Line  Jacquet

Depuis le colloque de Tchernivtsi, où j'ai présenté une communication sur Paul Celan, je me suis attachée  à mieux connaître ce poète, notamment en lisant Le «  Choix de Poèmes réunis par l'auteur »  chez Gallimard, en 1998, dans  la collection  Poésie.  Les textes choisis antérieurement par Celan lui-même ont été traduits et présentés par Jean-Pierre Lefebvre et dix ans plus tard, Jean-Michel Maulpoix a rédigé un commentaire sur cette anthologie. Dans le chapitre intitulé « Éléments d'une poétique », ce dernier analyse le « lyrisme impossible » de l'œuvre de Celan. Selon lui, Celan aurait dit, de la poésie en langue allemande de son époque en général : « Sa langue est devenue plus sobre, plus factuelle, elle se méfie du « beau », elle essaie d'être vraie. Et donc, si je puis, au vu de la polychromie de ce qui passe pour actuel, emprunter au domaine visuel le mot que je cherche, elle est une langue « plus grise », une langue qui veut aussi, entre autres choses, savoir sa « musicalité » située en un lieu où elle n'ait plus rien de commun avec ces “harmonies » qui en compagnie et au voisinage de l'horreur continuèrent plus ou moins tranquillement à se faire entendre ». 

L’Ukraine se révèle à nous …

L’Ukraine par  Marie-Line  Jacquet

Le guide “Lonely Planet” prétend que les touristes étrangers sont immédiatement reconnus comme tels en Ukraine.... c'est faux (sauf dans les transports publics, peut-être....) ! Combien de fois n'ai je pas  répondu “Ia nie panimaiou, ia franzoutchenka” à  des Ukrainiens qui nous demandaient quelque chose? De fait, si nous avons été extrêmement dépaysés pendant notre voyage (un dépaysement dont nous avons surtout pris conscience au moment de notre retour), c'est que nous nous sommes sentis à la fois très proches et très loin des gens de là-bas, peut-être parce qu'ils nous ressemblent physiquement, et que cette ressemblance rend les différences de langue et de culture presque plus sensibles que dans l'un de ces pays dits “exotiques” que l'on visite avec des clichés préparés à l'avance dans la tête, des images toutes faites qui agissent comme autant d'obstacles, atténuant les surprises de la découverte...

Souvenirs et ouverture d’une matinée libre à Kiev  par  Margaret Parry
  
Est-ce parce que je suis revenue si récemment de Kiev que le roman La Garde Blanche de Bulgakov m’a fait un si grand effet, en me rappelant l’histoire turbulente, parfois tragique, de ce pays, surtout de la capitale, que notre guide Galina nous a racontée à tous les coins, et avec tant d’allusions à ce roman ?  Mais même si je n’avais entendu mot de l’histoire de l’Ukraine et que j’eusse entamé le livre par hasard, je serais entrée dedans, tant il me charmait et me rappelait dès les premières pages, par son atmosphère, son style, son mode de narration, par certains de ses personnages aussi, Guerre et Paix de Tolstoï.  Ce n’est guère étonnant donc, en s’aventurant plus loin dans le texte, de trouver un commentaire élogieux du roman de Tolstoï, comme si l’auteur admettait toute l’inspiration qu’il en avait pris pour l’écriture de son propre roman…

Poète serf :  Tarass Chevtchenko par Nina Nazarova

Pendant notre voyage en Ukraine, Taras Chevtchenko fut souvent mentionné : l'université de Kiev, ainsi que plusieurs rues et places portent son nom. Pourtant, à part quelques membres de notre association venant des républiques ex-soviétiques, très peu d’entre nous connaissent cet Ukrainien éminent.  Par conséquent, l'idée me vint d’écrire un article commémorant Taras Chevtchenko, poète, peintre et humaniste ukrainien du  XIX siècle…

Lessia, l’Européenne: une écrivaine ukrainienne (mal) connue par  Galyna Dranenko

Lessia Oukraïnka. Lessia l’Ukrainienne. Aujourd’hui, dans chaque ville de l’Ukraine, il y a une rue portant son nom ; plusieurs monuments et musées commémorent sa vie et ses activités littéraires ; les enfants apprennent ses poèmes par cœur à l’école ; son portrait figure sur un billet de banque d’une grande valeur… Son nom est donc connu par tout le monde, mais arrive-t-on à saisir la vraie valeur de celle qui le porte ? …

Poètes en Europe centrale

Tchernivtsi par  Marta Montesarchio

Le temps s’écroule, lent,
sur les blanches ailes de l’oiseau en fer
qui nous regarde
à travers ses yeux étrangers;
l’Ukraine nous appelle de loin,
ses longs cheveux noirs flottants dans l’air clair et humide.
Des fleurs dans le regard, nos hôtes nous accompagnent
à la découverte du trésor
caché dans les antres les plus profonds des Carpates.

Le Golem par Monique Mangold

Sur les bords de la Vltava, ténébreux, déserts,
 peuplés d'ombres, de chimères et de mystères,
Rabbi Loew avait ramassé des mottes de terre
et modelé  un humanoïde, fruit de son imaginaire.

Publications de nos membres

Monique Mangold, Regards croisés entre France et République Tchèque, L’Harmattan, 2011
    Compte rendu de Marie Louise Scheidhauer

Thierry Laurent, Jean Mauclère,  (1887-1951)  Une vie d’écriture, L’Harmattan, 2011 

Informations

Hommage à Galina Osmak par Jeanne-Marie Baude

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