Colloque
international organisé par l’Association
Européenne François Mauriac
Universidad de Comillas Madrid
du
26 au 30 juin 2019
Errance et sens de l’être et de la lettre dans la
littérature
La sidération dont ont été saisis nos esprits
et nos corps, forcément sédentaires eu égard à nos formes de vie
« occidentalisées », par ces milliers de réfugiés et de migrants qui
parcourent routes et océans aujourd’hui à la recherche d’un havre de paix, nous
a rappelé combien l’errance constitue le fonds anthropologique, primitif, archaïque
et souvent forclos, de toute condition humaine. La puissance germinative pour
notre imaginaire d’un mythe comme celui du Juif
errant, toujours actuel et actualisé, est là pour en témoigner. On ne
s’étonnera donc pas que la littérature, quels que soient les époques et les
pays, ait entrepris d’explorer, sous des modalités diverses, ce qu’il en est de
l’errance. Pour s’en convaincre, il suffit de se souvenir de quelques textes
fondateurs et paradigmatiques de notre tradition littéraire, tels que, pour
faire court et sans souci, bien évidemment, d’exhaustivité et de priorité, l’Odyssée (errance géographique ?) le
Don Quichotte (errance des
esprits ?), ou, pour notre modernité, l’Ulysse de Joyce (errance du récit et de la lettre ?).
D’ailleurs, que racontent les romans, si ce
n’est, pour reprendre le mot-valise forgé par Jacques Derrida, la destinerrance de personnages, soustraits
à toute destinalité immobile et
programmée à l’avance ? Certes, ils sont envoyés quelque part, poussés à
rompre leurs attaches, mais par qui et pour quelle destination ? C’est
ce que précisément interroge le roman, très souvent, qui se fait dès lors, à
l’instar de son héros, en-quête. Il
n’y a pas de destination fixe pour eux ; eux qui pourraient être qualifiés,
en gardant la double signification de l’expression, d’in-sensés, puisqu’ils sont précisément en marche et en marge. Leur
sort est en tout point approprié à la « lettre » de la littérature
qui les institue et les raconte. Car comme l’a très bien analysé Jacques
Rancière, la littérature, dans ses variations génériques diverses, est à la
fois une parole muette (problème de son
origine toujours indécise et fuyante) et errante (problème de sa destination : elle s’adresse à un seul
et en même temps nécessairement à plusieurs, qui sont indéterminés et
indéterminables). En effet, on n’entreprend toujours un voyage qu’en tremblant, car celui-ci n’est jamais un
simple déplacement d’un point à un autre comme le voudrait le sens commun, il
peut souvent – chaque fois ? – manquer sa destination. N’est-ce pas aussi cette
« destinerrance » qui attend le lecteur qui entreprend de
« voyager » dans un texte, sans très bien savoir où cela va le mener
et si tout cela (le texte, son activité lectrice, son attention, ses abductions
herméneutiques, l’usage qu’il en fait, etc.) a un sens ?
C’est cette
problématique de l’errance que voudrait interroger ce colloque, dans toutes ses
implications (philosophique, spirituelle, biographique ou
hagiographique, thématologique, poétologique, etc.) et toutes ses formes
(roman, poésie, théâtre…).
On peut repérer, a priori et ex ante, quelques axes thématiques qui pourront
être étudiés. Cette liste n’est en rien exhaustive et impérative, bien
évidemment ; sa seule fonction est d’être indicative.
Axes thématiques du colloque :
·
Errance comme quête (recherche de
sens-signification et de sens-direction), comme parcours chaotique,
vagabondage, déplacement en zigzag, désorientation, deterritorialisation (Deleuze) ;
·
Errance d’un artiste :
recherche du chemin personnel, marginalité, enfermement dans un labyrinthe,
errance chevaleresque et carnavalesque ;
·
Errance d’un thème
mythologique ; sujets errants ; errance et enracinement du
personnage ; itinerrance
(promenade littéraire) ;
·
Dimension spirituelle de
l’errance : poétique de la marche, recherche de lieux sacrés et du sens,
évasion (exil, expérience nomade) ;
·
Errance comme modalité de
l’élaboration ou de la lecture du texte.
Ce colloque international est organisé par l’Association Européenne François Mauriac.
Il se tiendra à Madrid du 26 au 30 juin 2019.
Langue des
communications : français
Adresser aux responsables
du colloque avant le 15 février 2019 un résumé de la communication envisagée
(indiquer dans quel axe thématique du colloque s’inscrit le sujet traité). Ce
résumé (Word, enregistré selon le format : Nom + titre de la
communication) sera accompagné d’une courte bio-bibliographie et des
coordonnées du participant. Les résumés des communications retenues seront
publiés dans le bulletin de l’AEFM Intervoix.
Le comité d’organisation
communiquera sa décision quant à l’acceptation ou non de la proposition faite
avant le 10 mars 2019. Les communications retenues donneront lieu à une
publication dans les Actes du colloque.
Propositions de
communication à adresser par courriel à Nina Nazarova, présidente de l’AEFM, nnazarova276@gmail.com
Le thème "Errance et sens" est proposé par Margaret Parry.
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